lundi 29 juin 2009

Une star mondiale criblée de dettes


Après avoir bâti une fortune colossale sur ses succès musicaux dans les années 1980, Michael Jackson s'est laissé entraîner dans une spirale de dettes et de prêts écrasants.

Cet été, Michael Jackson aurait dû remonter sur scène. Douze ans après sa dernière tournée, cette série de 50 concerts au stade 02 Arena de Londres, dont les billets se sont arrachés en quelques heures, n'était pas simplement attendue avec impatience par les fans. Elle était aussi surveillée de près par les nombreux créanciers du chanteur. Depuis le milieu des années 1990, Michael Jackson a en effet accumulé une dette colossale, estimée à 500 millions de dollars selon des sources citées par le Wall Street Journal.

La première partie de sa carrière a été pourtant habilement gérée. Ses succès musicaux «Thriller» en 1985, album pop le plus vendu au monde, «Bad» en 1987 y contribuent pour une grande part. En 1991, Michael Jackson signe un contrat de 65 millions de dollars avec Sony. Mais le chanteur s'illustre également par son sens des affaires lorsqu'il négocie, en 1985, l'acquisition pour 47,5 millions de dollars d'ATV Music, qui détient les droits d'auteur de 251 chansons des Beatles telles que «Yesterday».

Les excentricités de l'artiste, capable de dépenser 14,6 millions de dollars en 1988 pour acquérir un ranch de 1050 hectares niché dans les collines de Los Olivos, au nord-ouest de Los Angeles, sont alors bien peu de choses. C'est de cette propriété que viendra pourtant le déclin médiatique et financier. Rebaptisée Neverland en hommage à Peter Pan, entièrement dédiée au monde de l'enfance, elle bénéficie d'investissements somptuaires pour des aménagements (manèges, train à vapeur, grande roue) et diverses collections.

Les ennuis commencent publiquement en 1993. Accusé d'attouchements, Michael Jackson règle cette première affaire à l'amiable en versant 22 millions de dollars à la famille d'un garçon de 13 ans. Déjà sous pression financière, il accepte en 1995 de céder la moitié d'ATV, fusionnée avec Sony, pour un montant de 95 millions de dollars. C'est à nouveau la perle ATV, enviée par Paul McCartney, qui lui permet d'assurer en 2001 un prêt de 200 millions de dollars auprès de Bank of America. Cette même année, l'album Invincible se vend seulement à 2,1 millions d'exemplaires.

Une descente aux enfers

Les années suivantes s'apparentent à une longue descente aux enfers, marquée par des poursuites en justice de créanciers et des accusations d'agression sexuelle sur un autre enfant de 13 ans, en 2003. Lors de son procès en 2005, dont il sort acquitté, son comptable l'accuse de dépenser chaque année 20 à 30 millions de plus que ce qu'il gagne. L'année d'après, après avoir quitté Neverland pour aller vivre à Barheïn, dans le Golfe, il doit négocier un refinancement de ses prêts pour éviter l'insolvabilité.

Opposé à la mise aux enchères de ses objets personnels, Michael Jackson s'en remet alors à des bienfaiteurs. Le Sheikh Al-Khalifa, 33 ans, le prend sous son aile, let ui offre plusieurs millions de dollars contre une autobiographie et un disque qui ne sortiront jamais. L'affaire se finit à nouveau devant les tribunaux, avant d'être réglée à l'amiable. En 2007, Michael Jakson cède son titre de propriété de Neverland à une société fondée avec Colony Capital, qui prend en charge un prêt de 23 millions de dollars. Le personnel n'était du reste déjà plus payé.

Le patron de Colony Capital, Tom Barack, comptait malgré tout rentabiliser son investissement. Il envisageait de revendre Neverland entre 70 et 80 millions de dollars, en cas de retour réussi de l'artiste. AEG Live, qui produisait la série de concerts, tablait de son côté sur 400 millions de dollars de recettes à l'issue d'une collaboration de trois ans et demi. Selon le journal Billboard, l'annulation de la tournée pourrait coûter jusqu'à 40 millions de dollars à la société, si l'assurance ne suffit pas à couvrir ce qui a été déjà investi.

Le phénomène Michael Jackson devrait pourtant continuer à générer des recettes durant de longues années. Quelques heures après sa mort, le chanteur occupait déjà les quinze premières places des meilleures ventes d'Amazon aux Etats-Unis, et douze des quinze premières en France. Il faudra cependant attendre plusieurs mois, entre la multitude de contrats et de prêts, pour établir ce que Michael Jackson aura à léger à ses héritiers - sa mère et ses trois enfants.

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