Vol Rio-Paris: l'enquête
"Aucun élément n'amène à penser que l'avion avait un problème avant son départ de Rio"
C'est ce qu'a fait savoir mercredi matin le Bureau d'enquêtes et d'analyses, chargé d'enquêter sur la disparition de l'Airbus A330 d'Air France au-dessus de l'Atlantique avec 228 personnes à bord.Le BEA entend "essayer de publier un premier rapport à la fin juin". Des débris de l'appareil ont été retrouvés mardi.
"Aucun élément n'amène à penser que l'avion avait un problème avant son départ de Rio"
C'est ce qu'a fait savoir mercredi matin le Bureau d'enquêtes et d'analyses, chargé d'enquêter sur la disparition de l'Airbus A330 d'Air France au-dessus de l'Atlantique avec 228 personnes à bord.Le BEA entend "essayer de publier un premier rapport à la fin juin". Des débris de l'appareil ont été retrouvés mardi.
L'enquête judiciaire
Une information judiciaire va être "rapidement ouverte", a indiqué mercredi le parquet de Paris qui a été saisi de l'enquête.L'aéroport Charles-de-Gaulle à Roissy se situe sur la juridiction du parquet de Bobigny mais celui-ci a été dessaisi de l'enquête au profit de celui de Paris "en raison du lieu de résidence de plusieurs des victimes", a précisé le parquet. Certaines victimes habitaient en effet à Paris et aucune en Seine-Saint-Denis.Actuellement, la procédure judiciaire est une enquête préliminaire conduite sous la houlette du parquet. Elle a été confiée à la gendarmerie des transports aériens et à l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale.La procédure en cours devrait "rapidement" laisser place à une information judiciaire confiée à un juge d'instruction pour conduire une enquête aux ramifications internationales.La découverte de débrisCes débris, retrouvés mardi par l'armée brésilienne dans l'Atlantique, sont bien ceux de l'Airbus A330 d'Air France, disparu lundi avec 228 personnes à bord, ont confirmé les autorités brésiliennes et françaises. "Sauf miracle, vu la multitude de débris, il n'y a strictement aucun espoir de retrouver des survivants", a affirmé à Paris une source proche de l'enquête judiciaire. "La présence éventuelle de survivants n'est même pas une hypothèse de travail", a ajouté cette source.Un appareil de patrouille maritime français Atlantique 2 a à son tour survolé ces dernières heures la zone où l'armée de l'air brésilienne avait découvert mardi les débris de l'A330 d'Air France, à à 650 km au nord-est de l'archipel brésilien de Fernando de Noronha. Ont ainsi été repérés sur une bande longue de 5 kilomètres des pièces métalliques, des sièges d'avion, une bouée orange et des traces de kérosène.D'autres vols militaires français sont prévus mercredi, dont celui d'un avion radar Awacs qui doit effectuer une "cartographie" des débris. But: tenter de déterminer le lieu de l'accident et permettre ensuite le repêchage des boîtes noires.Les navires marchands et bientôt militaires présents sur place "vont maintenant ramasser les débris" flottant en surface avant que ne soit engagée la phase sous-marine des recherches, dans les prochaines semaines, a fait savoir l'état-major des armées.Le Brésil a mobilisé six avions et deux hélicoptères. Les Etats-Unis ont envoyé un avion militaire d'observation et une équipe de sauvetage qui devait se joindre mardi aux recherches après que la France eut fait appel aux moyens du Pentagone pour aider à localiser l'appareil. Priorité: retrouver les boîtes noiresLe gouvernement français a également décidé mardi de dépêcher sur place un navire de recherche et d'exploration sous-marine, le "Pourquoi pas", équipé de deux robots sous-marins. Il s'agit de tenter de repérer l'épave et les boîtes noires qui gisent probablement par plusieurs milliers de mètres de fond.Elles émettent en principe pendant un mois un signal permettant de les localiser jusqu'à 6000 mètres de profondeur.Alors que les causes de la catastrophe, la plus meurtrièrede l'histoire d'Air France, restent inconnues, retrouver les "boîtes noires" de l'Airbus A330 est une des priorités des opérations de recherche. Les deux boîtes noires de l'appareil, qui enregistrent les conversations dans le cockpit et les données du vol, émettent durant 30 jours. Selon la marine brésilienne, la profondeur de l'océan dans le secteur où les débris ont été aperçus se situe entre 2000 et 3000 mètres."C'est une course contre la montre qui est engagée dans des conditions météorologiques extrêmement difficiles et dans une zone où les fonds marins peuvent atteindre 7000 mètres", a déclaré mardi, le premier ministre François Fillon.Même si l'épave était localisée, responsables politiques et experts soulignent la difficulté de récupérer les "'boîtes noires", à de très grandes profondeurs.
Le ministre Jean-Louis Borloo, a réquisitionné le "Pourquoi pas", un navire de l'Ifremer équipé du mini sous-marin Nautile et du robot de recherche "Victor 6.000", capables selon lui d'intervenir jusqu'à 6000 mètres de fond. Basé aux Açores, le sous-marin doit appareiller ce mercredi.
Hommage religieux mercredi à Notre-Dame.
Une cérémonie religieuse oecuménique en hommage aux disparus aura lieu mercredi 3 juin à 16h00 à Notre-Dame de Paris en présence du président de la République et du cardinal André Vingt-Trois. Une cérémonie strictement réservée aux proches des victimes et aux personnels d'Air France.Nicolas Sarkozy, qui s'était rendu lundi à l'aéroport Charles de Gaulle, près de Paris, pour y rencontrer des proches des passagers et des membres d'équipage, recevra les familles lundi prochain pour les informer du cours de l'enquête.D'autre part, le président américain Barack Obama a déclaré sur la chaîne française i-Télé mardi que "les Etats-Unis accorderont toute l'assistance nécessaire pour trouver ce qui s'est passé". "Toutes mes pensées vont vers les familles qui attendent", a-t-il ajouté..
Aucune piste privilégiée
Les causes de la catastrophe restent inconnues mais la France écarte pour l'heure la piste terroriste. Selon le ministre de la Défense, Hervé Morin, aucun élément ne corrobore une telle thèse même si l'"on n'a pas le droit d'exclure par définition l'acte terroriste puisque le terrorisme c'est la menace principale pour l'ensemble des démocraties occidentales"."Aucune hypothèse n'est pour l'heure privilégiée", a précisé mardi François Fillon.L'hypothèse d'un foudroiement dans une zone de fortes turbulences orageuses, avancée dans un premier temps par Air France, est mise en doute par les experts. Pour Dominique Bussereau, "ça ressemble plus à une perte de contrôle de l'appareil liée à toute une série de phénomènes".Selon le site internet de l'hebdomadaire Le Point, des messages envoyés par l'Airbus aux équipes de maintenance d'Air France signalent la présence de givre sur les sondes de l'appareil et une dépressurisation violente.Le ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Jean-Louis Borloo, a dit sur France 2 privilégier "l'hypothèse d'un accident". "Il y avait globalement sur la zone des perturbations tropicales puissantes. Ce sont des appareils habilités à ce genre de circonstances, mais il doit y avoir eu accumulation de circonstances", a-t-il dit.Pour le syndicat des pilotes de ligne, de nombreux avions sont foudroyés toutes les semaines, sans conséquences notables. "La foudre ne fait pas tomber les avions, ni une panne électrique. Mais il peut y avoir une conjonction de facteurs aggravants", a-t-il dit. Un spécialiste de l'aviation civile, Pierre Sparaco, souligne pour sa part que "la foudre est la routine du transport aérien" et "qu'un avion de ligne est protégé".
228 personnes à bord, dont 73 Français
Le vol AF 447 avait quitté Rio dimanche soir et devait se poser lundi matin à Paris où il n'est jamais arrivé. Il a disparu, avec à son bord 216 passagers et 12 membres d'équipage, à peu près à mi-chemin entre le Brésil et l'Afrique. Les personnes à bord appartenaient à 32 nationalités. Parmi elles: 73 Français (61 passagers et les 12 membres d'équipage), 58 Brésiliens et 26 Allemands, selon le ministère français des Transports. Il s'agit de la plus grave catastrophe de l'histoire d'Air France, qui n'a déploré aucun mort depuis le crash du Concorde en juillet 2000 (113 morts).
Pas de signal des balises de détresse
Aucune trace de l'appareil n'avait été repérée dans la nuit de lundi à mardi, alors qu'aucune de ses trois balises de détresse n'avait émis de signal. Cela "tendrait à prouver que la catastrophe a été très rapide", a indiqué le Centre national d'études spatiales (CNES). Le dernier message envoyé automatiquement par l'appareil pour signaler une panne électrique a été reçu à 04H14 (heure de Paris), laissant ensuite les contrôleurs aériens sans nouvelles. L'Airbus avait disparu des écrans radars au large des côtes brésiliennes. L'avion, mis en service en 2005 et révisé mi-avril 2009, avait un équipage expérimenté, son commandant de bord ayant effectué 11.000 heures de vol, dont 1.700 sur Airbus A330/A340.
L'aide aux proches
Les proches et les familles des passagers de l'avion disparu ont été pris en charge par une cellule psychologique aux aéroports de Roissy, comme de Rio. Comme il s'agit à priori d'un acccident, c'est le tribunal de Bobigny qui a hérité de la compétence dans cette affaire, comme c'est l'habitude en cas d'accident aérien concernant l'aéroport de Roissy, où l'avion devait se poser, a indiqué le parquet. Air France a transmis les informations du vol au Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) pour la sécurité de l'Aviation civile.
La zone où a disparu l'Airbus a été localisée "à quelques dizaines" de milles nautiques près, a affirmé le directeur général d'Air France, Pierre-Henry Gourgeon, lors d'un point presse lundi à l'aéroport de Roissy. "La catastrophe qui nous heurte tous s'est produite à mi-chemin entre les côtes brésiliennes et les côtes africaines et la zone concernée est cernée à quelques dizaines de nautiques près", a déclaré M. Gourgeon. Un mille nautique est équivalent à 1,85 km.
Le directeur général d'Air France, Pierre-Henry Gourgeon a déclaré lundi à Roissy que "l'avion est équipé de balises Argos qui peuvent émettre plusieurs jours et permettre de le repérer". Des bouées flottantes, a expliqué un spécialiste, pourraient alors être larguées par un Bréguet Atlantique de l'aéronavale afin de relayer le signal des balises Argos et, partant, de délimiter exactement la zone de crash.Les Airbus A330 d'Air France sont équipés de balises de détresse pour favoriser les secours par une localisation rapide et de "boîtes noires". Ces balises peuvent être déclenchées manuellement ou automatiquement en cas de trajectoire particulièrement dangereuse ou de crash. Les émissions sont captées et exploitées par un réseau de 10 satellites et de 24 centres de contrôle au sol répartis dans le monde entier, dans le cadre du programme international Cospas-Sarsat fondé au début des années 1980 par les Etats-Unis, la Russie, la France et le Canada.Dans le cas de l'A330 Air France, elles n'ont pourtant émis aucun signal, "ce qui tendrait à prouver qu'elles ont été détruites avant de pouvoir émettre, donc que la catastrophe a été très rapide", estime-t-on au centre national d'études spatiales français.Les émissions à 406 Mhz de ces balises ne peuvent être perçues du fond de l'océan et elles ne remontent pas à la surface alors que les balises maritimes flottent. Les boîtes noires émettent sous l'eau un signal pendant au moins 30 jours, qui facilite leur localisation.Les deux boîtes noires, en réalité de couleur orange, ont des fonctions bien distinctes. Le CVR (cockpit voice recorder), l'enregistreur de vol "phonique" comprend les conversations mais aussi tous les sons et annonces entendus dans le cockpit. Le DFDR (digital flight data recorder) contient l'enregistrement seconde par seconde sous forme numérique de tous les paramètres de vol de l'avion (vitesse, altitude, trajectoire...). La mémoire proprement dite est protégée par un boîtier blindé pouvant résister à une immersion d'un mois à six mille mètres de profondeur, à un incendie d'une heure à 1.100 degrés centigrades ou à des forces d'écrasement d'environ 2,2 tonnes. L'analyse des boîtes noires permet dans 90% cas de déterminer les causes d'un accident, selon Robert Galan, pilote et expert auprès des tribunaux français.
Un numéro pour les familles
En France, dans l'aéroport de Roissy, un message est diffusé à l'attention des proches des passagers: "nous demandons à toutes les personnes qui attendent les passagers du vol AF447 de se présenter au comptoir à l'arrivée du terminal 2E".
Au Brésil, dès l'annonce de la disparition d'un avion d'Air France, les premiers proches des passagers, rongés par l'inquiétude, ont commencé à affluer lundi, en quête d'informations, à l'aéroport international de Rio de Janeiro. En fin de matinée, plus d'une cinquantaine de membres des familles, tous Brésiliens, avaient accouru à l'aéroport Tom Jobim. Des employés d'Infraero, l'administrateur public des aéroports, dirigeaient les familles vers la cellule de crise où elles étaient attendues par des médecins et des psychologues. Elles ont aussi rencontré le consul de France à Rio Hughes Goisbault et le maire de la ville Eduardo Paes. "C'est la pire catastrophe d'Air France, depuis 70 ans, date de sa création", a assuré M. Goisbault aux journalistes. A chaque fois que des proches, alertés par les informations diffusées par les radios et télévisions locales, arrivaient à l'aéroport, ils étaient conduits dans une petite salle d'Infraero d'où ils ressortaient rapidement pour monter dans un minibus qui les conduisait à la cellule de crise. Abattus et désemparés, ils évitaient tout contact avec les nombreux journalistes présents.
L'historique de la disparition
L'appareil a décollé de Rio à 00H19, heure de Paris. Selon le directeur de la communication de la compagnie française, François Brousse, les contacts radio étaient normaux jusqu'à 3h30, heure du dernier contact entre l'équipage et le contrôle brésilien. A 04h00, l'avion est "entré dans une zone de fortes turbulences". Vers 4h15, "des messages automatiques de maintenance sont émis par l'appareil pour annoncer un certain nombre de défaillances", notamment une panne électrique."Une procédure classique, en cas de perte de contrôle aérien, a alors été lancée" et les contrôles aériens brésilien et africain ont été alertés, a ajouté François Brousse. Vers 7-8h, a poursuivi ce responsable, "il apparaît que l'avion a certainement eu un problème important". Un appel est lancé "aux autorités militaires pour détecter l'écho" de l'avion. A 9h30 à Paris, la situation est jugée "grave" et une cellule a alors été mise en place à Roissy, a rapporté le directeur général d'Air France, Pierre-Henri Gourgeon.Le commandant de bord était "très expérimenté avec 11.000 heures de vol", a-t-il précisé. Le dernier contrôle technique del'appareil n'a révélé "aucune défaillance", a conclu M. Gourgeon.Dans un communiqué, Air France a précisé que le pilote avait déjà effectué 1700 heures sur Airbus A330/A340. L'avion totalise 18.870 heures de vol et a été mis en service le 18 avril 2005, sa dernière visite d'entretien datant du 16 avril 2009.La compagnie a indiqué avoir communiqué toutes les données techniques concernant le vol 447 au Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) pour la sécurité de l'aviation civile. Cet organisme est chargé pour la France des enquêtes techniques sur les accidents ou incidents dans l'aviation civile.
Le témoignage de deux miraculés
L'A330-200, un avion très répandu dans le monde
L'Airbus A330-200 est un biréacteur long-courrier de moyenne capacité, récent et répandu. Long de 59 mètres pour une envergure de 60,30 mètres, l'A330-200 peut transporter en version standard 253 personnes réparties en trois classes. Il peut voler à 880 km/heure, à une altitude de croisière de 10.700 mètres.L'appareil a effectué son premier vol d'essai en août 1997. Plus de 600 exemplaires de l'A330 ont été livrés et sont exploités dans le monde. Grâce à son rayon d'action de 12.500 km, il est très souvent utilisé pour les vols directs intercontinentaux.
L'avion utilisée par de nombreuses compagnies dans le monde. L'appareil cumule plus de 11 millions d'heures de vol en exploitation, selon son constructeur.
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